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Transcription du webinaire : La diligence raisonnable dans l’industrie du vêtement

Sheri Meyerhoffer : Bonjour. Bon après-midi. Bonne soirée à ceux d'entre vous qui vous joignez à nous du monde entier. Avant de démarrer, je tiens à confirmer que cet événement à l'interprétation simultanée vers le français.  Pour ceux d'entre vous qui ont besoin d'interprétation, je vous invite à vous servir du numéro sans frais suivant, 1-833-493-2020, pour entendre le français. Le code d'accès des participants est 95229477. Ces numéros de téléphone seront coupés/collés en clavardage.

Traducteur : Je veux vous informer que cet enregistrement dispose d'une interprétation simultanée en français. Pour ceux d'entre vous qui ont besoin d'interprétation, veuillez appeler le numéro sans frais suivant, 1-833-493-2020 pour recevoir l'audio en français. Le code d'accès pour les participants est le 95229477. Mon collègue inclura ces numéros dans la zone de chat.

Sheri Meyerhoffer : Je m'appelle Sheri Meyerhoffer et je suis la médiatrice canadienne pour l'entreprise responsable et je suis heureuse d'animer la discussion d'aujourd'hui. J'aimerais tout d'abord reconnaître que je me joins à vous aujourd'hui depuis Ottawa, qui est le territoire traditionnel non-cédé des Algonquins et des Anishinabes. Je tiens également à remercier le CDE, qui a donné l'opportunité à mon bureau de faciliter cette importante discussion. L'événement d'aujourd'hui mettra l'accent sur les enjeux qui a trait aux droits des enfants, au travail des enfants dans le secteur de l'habillement. Quelques mots de logistique. Veuillez noter que nous enregistrons ce webinaire et que vous aurez accès aux enregistrements en anglais et en français, ainsi qu'au sommaire. Notre panel sera heureux de répondre à vos questions pendant les quinze minutes en fin de session aujourd'hui. Vous pouvez vous servir de la fonction "questions et réponses" pour poser vos questions en français ou en anglais. Si vous avez des problèmes techniques, nous vous invitons à envoyer un courriel à notre technicien. Son adresse courriel est dans le clavardage. Maintenant, commençons. L'objectif de l'événement d'aujourd'hui est de parler des compagnies de vêtements et leurs fournisseurs qui cherchent à mettre en œuvre des exigences raisonnables, afin d'identifier et de prévenir le recours au travail des enfants. Il s'agit d'une opportunité de partager des grandes leçons et des pratiques exemplaires. Cette conversation a lieu au moment où les consommateurs exigent de plus en plus de transparence et d'imputabilité des compagnies de vêtements et de l'ensemble des compagnies de mode. Nous voyons aussi, au niveau international, l'évolution vers de nouvelles lois. Dans un contexte plus général, nous espérons aujourd'hui en quoi la COVID-19 a eu une incidence sur le secteur de l'habillement et les activités du droit de la personne sur le terrain. Nos discussions s'inspirent des principes et des méthodes des Nations Unies sur les droits de la personne, ainsi que les efforts de diligence qui ont été produits par l'OCDE pour le secteur de l'habillement et des chaussures. Une dernière note avant de passer à nos panélistes, mon bureau a été créé par le gouvernement canadien pour faire la promotion des pratiques responsables dans le secteur de l'habillement, des mines et le secteur pétrolier. Nous avons lancé une étude récemment qui se penchera sur le recours au travail des enfants dans le secteur de l'habillement au Canada. Nous partagerons les résultats de cette étude avec vous plus tard cette année. Maintenant, je vous présente nos panélistes. Collectivement, ils contribuent à toute une fonte d'expériences et de points de vue. Notre premier panéliste est Tulika Bansal. Elle est conseillère principale sur les entreprises et droits de la personne à l'Institut danois des droits de la personne. Depuis plus de dix ans, elle est en dialogue avec les gouvernements, les agences de l'ONU, les institutions internationales et des droits de l'homme pour promouvoir le respect des droits de l'homme dans le secteur privé. Notre deuxième conférencière est Ines Keampfer. Elle est directrice générale du Centre for Child Rights in Business, qui est une entreprise sociale qui  travaille avec des entreprises, y compris des entreprises de l'habillement pour protéger les droits des enfants dans les chaînes d'approvisionnement. Sous l'égide d'Inès, cette entreprise est devenue un chef de file mondial dans 16 pays. Notre troisième conférencière est Claire O'Kane qui est consultante internationale en matière des droits de l'enfant. Elle est praticienne et chercheure avec plus de 25 années d'expérience en droits de l'enfant, en participation dans divers contextes. Notre quatrième panéliste est Claudia Sandoval, qui est vice- présidente de la Citoyenneté d'entreprise chez Gildan, l'une des plus grandes entreprises de vêtements au Canada. Elle gère les programmes environnementaux, sociaux et de gouvernance dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. Merci à vous toutes d'être des nôtres ce matin. Donc, commençons cette discussion. Ines, pourriez-vous tout d'abord nous fournir vos idées sur les principaux risques qui se rattachent au travail des enfants dans le secteur de l'habillement en 2022?

Ines Kaempfer : Merci Sherry. Tout d'abord, merci de m'avoir invitée. Je suis très heureuse d'être des vôtres. Je pense que pour comprendre ce qui s'en vient dans le secteur de l'habillement en 2022, il faut être sensible à quelques tendances. Je ne vais pas parler pendant une heure, rassurez-vous! Ce qui est important, c'est que dans les organisations, les ONG, les organisations des droits de l'enfant, chacun a observé et tient pour acquis qu'il y a eu une augmentation du travail des enfants au cours des deux dernières années, parce qu'un des impacts les plus dévastateurs de la COVID, c'est que les enfants ont des obstacles importants à surmonter pour avoir accès à l'éducation. L'accès à l'école est très étroitement relié au travail des enfants. Plus l'accès est difficile, plus il y a des risques de travail des enfants. L'absence d'accès à la scolarité a eu beaucoup d'impact dans les pays qui, d'ordinaire, sont des sources d'approvisionnement pour l'habillement. Pour le Bangladesh, il n'y a eu pratiquement pas une seule journée de scolarité depuis 2021. Donc, les enfants n'ont pas eu accès à l'école du tout et sont passés à autre chose, c'est-à-dire qu'ils se sont lancés sur le marché du travail bien trop tôt. Du côté des affaires, on a vu une absence accrue de la transparence. On a des données sur des milliers d'audits qui ont été menés par une entreprise à Hong Kong et on a vu qu'en 2021, la transparence dans les chaînes d'approvisionnement avait diminué de plus de 30 %. Cela signifie qu'on en sait moins sur ce qui se passe dans les chaînes d'approvisionnement. Cette diminution était particulièrement marquée en Asie, où il y avait déjà une certaine absence de transparence dès le départ. On a donc une problématique importante. On ne sait pas très bien ce qui se passe dans les chaînes d'approvisionnement. Cela, cette tendance se heurte à une autre tendance, la troisième que je voulais mentionner et c'est la pression accrue qu'affronte le secteur. Cette pression émane des gouvernements, qui ont renforcé les cadres juridiques, mais cette pression émane aussi des banques et des investisseurs, qui accordent de plus en plus d'importance aux aspects de gouvernance environnementale et sociale. On a pu constater que près de la moitié des banques sont prêtes à désinvestir si elles voient qu'il n'y a pas d'interventions pour la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Un tiers des banques disent déjà avoir refusé des investissements s'ils avaient constaté un tel manque d'action. Donc, il y a une pression très claire de ce côté-là. Une pression du côté des entreprises aussi, des chaînes d'approvisionnement. Les gouvernements, les institutions financières exercent une pression qui se fait sentir dans les entreprises, qui maintenant, font beaucoup plus de pressions sur leurs partenaires d'affaires. Donc, ça n'a pas un impact uniquement que sur les grosses entreprises, mais aussi sur les plus petites qui travaillent avec elles. Cela crée beaucoup de pressions pour le secteur de l'habillement pour essayer de contrer cette absence de transparence, creuser un peu plus, sachant qu'il y a un risque accru de travail des enfants dans des endroits. Ce que je prédis, c'est qu'une fois que les compagnies iront de l'avant, surtout quand elles commencent à creuser les chaînes d'approvisionnement, malheureusement, elles vont trouver de plus en plus de preuves et de risques de travail des enfants dans les prochains mois. Ça, c'est très brièvement quelques tendances et j'espère que j'aurai le temps d'en dire un peu plus là-dessus.

Sheri Meyerhoffer : Merci beaucoup Inès et je vais passer maintenant à tous les quatre. Je vous demande quel est votre avis sur ces questions d'après votre expérience à l'Institut national des droits de l'homme du Danemark. Quels sont les principaux risques liés aux droits des enfants dans le secteur de l'habillement cette année?

Tulika Bansal : Merci pour cette question Sherry. Je voulais partager trois éléments. Le premier, c'est qu'en plus de la pandémie, je tiens à souligner l'exemple du Myanmar. Le Myanmar, il y a quelques années, a ouvert ses portes aux entreprises et de nombreuses compagnies de l'habillement y sont présentes, mais comme vous le savez, il y a un an, le pays a été pris par l'armée et ça a eu une incidence énorme sur le secteur de l'habillement avec toutes sortes de conséquences, en plus de la pandémie, qui a une incidence sur les travailleurs et sur les enfants et les familles.

Il y a eu annulation de commandes et certaines compagnies ont dû arrêter la production temporairement au Myanmar, ce qui signifie qu'il y a une absence de revenus pour les familles et cela avait une incidence sur les familles, y compris les enfants. La deuxième chose que je tiens à mentionner et Inès y a fait allusion, c'est la question de l'accès à l'éducation, qui a eu énormément d'impact sur les enfants qui ne pouvaient pas aller à l'école et qui se sont trouvés sur le marché du travail. L'autre aspect, ce sont les femmes qui travaillent dans le secteur de l'habillement. Beaucoup d'entre elles ont été touchées différemment et de façon très négative par la pandémie. Puisque les femmes sont souvent les principales responsables des enfants, ça a eu une incidence directe sur les enfants, qu'il s'agisse de la maladie des mères, de décès. Il y a aussi des enfants qui devaient travailler pour remplacer leur mère. Le dernier élément que je tiens à soulever et cela s'ajoute à ce que disait Ines au sujet de la transparence. Étant donné la pandémie, il y a eu moins d'opportunités pour les entreprises dans le secteur de l'habillement pour faire des audits sociaux ou autres évaluations sur le terrain, par rapport aux autres enjeux qui touchent aux droits de l'enfant, y compris le travail des enfants. De tels audits sont devenus, dans bien des cas, des audits virtuels, des audits par connexion vidéo et appels téléphoniques, mais pour un problème comme le travail des enfants, qui est déjà une pratique cachée, c'est très difficile de détecter de tels enjeux par le biais d'un audit à distance. Il est pratiquement impossible d'identifier le travail des enfants par le biais d'une connexion vidéo. Comment établir la confiance avec la personne que vous consultez? Comment vérifier des âges par le biais d'une entrevue vidéo? Comment vous adresser aux travailleurs et aux familles en aparté dans un contexte de confiance et comprendre les moteurs qui expliquent le travail des enfants? Ce sont donc quelques-uns des risques auxquels il faut faire face.

Sheri Meyerhoffer : Merci beaucoup. Je vois qu'il y a beaucoup de noms sur ma liste. Je veux maintenant vous présenter Claudia. Je vais poser une question à Claudia, qui représente le Canada. Qu'est-ce que vous voyez à l'avenir?

Claudia Sandoval : Merci beaucoup Sherry. Je suis très honorée de me trouver parmi vous. Si vous n'êtes pas au courant de Gildan, notre entreprise. Gildan est un fabricant intégré verticalement. On fonctionne sur une grande échelle en Amérique du Nord, en Amérique du centre, aux Antilles et au Bangladesh. Nous avons un engagement très robuste en ce qui concerne les pratiques exemplaires en matière de main-d'œuvre. Notre séance d'aujourd'hui porte sur le travail des enfants. C'est quelque chose que nous avons étudié depuis bien des années. Nous avons identifié des défis qui ont des conséquences pour notre industrie. On a mentionné cela déjà. Il s'agit de la chaîne d'approvisionnement assez compliquée, très complexe, qui existe dans notre entreprise, dans le secteur du vêtement. On regarde les fabricants, mais les produits chimiques devraient également être étudiés, parce qu'il faut savoir ce qui se passe dans les autres zones, en ce qui concerne la production des tissus qui sont utilisés dans la fabrication des vêtements. Nous avons donc une entreprise indépendante ici et je dirais qu'en amont, c'est assez difficile de voir ce qui se passe dans deux ou trois fabriques, dans deux ou trois usines. C'est une responsabilité néanmoins. Nos fournisseurs essaient de répondre à nos normes et on fournit un suivi également. Je voudrais également vous parler des efforts qui sont faits. Des efforts qui sont faits par le gouvernement, la société civile et d'autres intervenants et qui, des fois, ont fait un impact, qui est moindre que prévu. Bien sûr, il y a les facteurs socio-économiques, qui sont très importants. Il faut tenir cela en compte lorsqu'on se trouve dans des pays où Gildan peut opérer. Les pays du palier 1, palier 2. Il faut régler ces problèmes de chaînes d'approvisionnement.

Sheri Meyerhoffer : Merci beaucoup, Claudia! Claire, je vais vous passer la parole maintenant. Comment est-ce que vous voyez ces conséquences de la pandémie, particulièrement pour les enfants?

Claire O'Kane : Depuis six ans, nous avons travaillé avec des enfants qui travaillent, où ils ont pu organiser des comités d'enfants qui travaillent avec l'aide des ONG dans cinquante pays. On voulait étudier quelles étaient les conséquences et les effets de la COVID sur leurs vies. On a déjà touché sur ce sujet un manque d'instruction et bien sûr, cet écart qui existe en ce qui concerne les outils numérisés. Le confinement a mené à une perte de travail, une perte de revenus et lorsqu'on a pu commencer à retourner au travail, il y avait moins de travail qui était disponible. Alors, les enfants devaient faire le travail qui était le moins désirable et plus difficile. Pour les enfants, on parlait de la violence familiale et dans leurs milieux de travail. Il y avait des recommandations qui ont été faites. Par exemple, les ONG devraient consulter de nouveau avec ces comités, qui ont été faits par les enfants. On a insisté sur le fait que les enfants devaient avoir accès à la sécurité alimentaire et l'accès à une éducation de bonne qualité. Alors, les enfants devraient pouvoir rentrer à l'école ou bien suivre leurs études en ligne. Il y avait également des problèmes en ce qui concerne l'accès aux services sanitaires. Il y avait un manque de services qui étaient disponibles pour les enfants. On avait besoin également, pour ces enfants, d'assurer des services de protection contre la discrimination. Je m'arrête ici, mais bien sûr, j'aimerais en parler davantage.

Sheri Meyerhoffer : Oui, bien sûr, on pourrait revenir sur cela à la fin. Je vais maintenant entamer une discussion sur les possibilités de solutions. Comment est-ce qu'on peut s'adresser à ces défis? Je vais commencer maintenant avec l'industrie. Claudia, quelles étaient les stratégies qui ont été mises en place pour éliminer ce genre de problème du travail infantile?

Sheri Meyerhoffer : Vous étiez en sourdine. Merci.

Claudia Sandoval :  Merci. C'est une excellente question. Je vais aborder cela de deux façons. Les processus de diligence raisonnable et un autre, dont je vais vous parler tout à l'heure. D'abord, en ce qui concerne les processus de diligence raisonnable, il faut regarder les façons traditionnelles qui ont été utilisées par les entreprises pour empêcher ce genre de travail infantile. Le processus devrait évoluer, qu'on estime et il faut regarder cela de façon différente. Ça devrait comprendre également des réévaluations des droits de la personne et on devrait identifier ce qui se passe dans des pays différents, parce que la réalité est tout à fait différente de pays en pays. Il faut voir qu'il existe un système de surveillance. Ça, c'est vraiment clé. Il faut fournir des lignes directrices très claires aux entreprises, aux fabricants et aux fournisseurs. De cette façon, on peut détecter que cette possibilité de bâtir une capacité est un processus qui prend du temps et courant. L'autre chose, quand même, il faut regarder les pratiques d'achat responsables et les pratiques de planification responsables. J'en parle, parce que nous avons des produits qui sont produits dans des manufactures, dans des usines un peu partout. Nous avons regardé ces questions de très près. Cette question de la production responsable est très importante. On donne donc une formation aux membres, des cadres - aux cadres de l'entreprise, parce que ce sont eux qui en sont responsables. S'ils sont au courant, comprennent, alors ils seront mieux placés pour détecter des problèmes du travail infantile. Une autre chose qui est très importante, c'est que, depuis des années maintenant, les entreprises ont fait beaucoup d'efforts pour améliorer la communication. Dans notre site Web, vous allez trouver - sur notre site Web, vous allez trouver des informations, parce que nos produits sont fabriqués à 90 % dans nos propres installations. Ça, c'est très clé. La possibilité de présenter des griefs, c'est primordial. C'est très important pour les intervenants dans les collectivités, aussi bien que pour les travailleurs. La diligence raisonnable est tellement importante. Ça fournit la possibilité de communiquer avec les intervenants régionaux et locaux. Ils sont au courant de ce qui se passe dans la collectivité locale. Nous avons pu rajouter cela à notre processus de diligence raisonnable. Maintenant, je voudrais passer à cet élément qui est tellement clé pour protéger les droits des enfants. C'est l'implication des employés et la participation dans les systèmes d'éducation dans les pays où l'on fabrique nos produits. Je dirais qu'à peu près 50 % de nos employés sont des femmes et on est très impliqués. On pose des questions. On veut voir les écoles où les enfants sont envoyés. Les résultats étaient excellents. Nous avons dû répondre aux défis de la COVID et on a établi donc un partenariat avec une ONG internationale pour montrer aux enfants comment utiliser la technologie qui existe. On a des enseignants qui fournissent ce genre de formation. Enfin, nous avons fait un projet pilote avec un centre des droits des enfants qui est géré par Ines. C'était une bonne expérience. Vraiment excellente. Les enfants et leurs parents qui viennent des régions très rurales peuvent amener leurs enfants en milieu de travail. Ils ont un temps spécial pour eux pendant l'été. C'est vraiment un excellent programme et nous allons étendre ce programme. Donc, pour résumer, les éléments qui existent, du point de vue des solutions de rechange, les processus - il faut renforcer les processus et également les possibilités de formation dans les régions où l'on a nos usines.

Sheri Meyerhoffer : Merci beaucoup, Claudia. Je veux dire que comme Claudia nous a dit, on a une intégration. Gildan est une grande entreprise. Maintenant, je voudrais poser une autre question. Comment est-ce que les petites et moyennes entreprises fonctionnent? Comment est-ce que ces entreprises peuvent répondre aux défis de la COVID?

Ines Kaempfer : Ça dépend. Il y a toute une variété de réponses. Il y a certaines entreprises qui nous disent: "non, on n'est pas assez importants". On n'est qu'une petite entreprise! Je dirais qu'il existe cette pression des entreprises plus grandes qui veulent voir des changements auprès de leurs partenaires dans le monde des affaires. Ils vont demander davantage. Ils vont dire qu'on a besoin de mettre en place certains systèmes. Il faut encourager ces petites entreprises de mieux traiter les enfants. Alors là, ces PME ont revu leurs lignes directrices, qui portaient sur l'utilisation du travail des enfants. Ça, c'était quelque chose qui a vraiment eu des conséquences pour les PME. Alors, la diligence raisonnable également et d'après mes expériences, je pense qu'on peut s'en servir. Les grands détaillants doivent faire affaire avec des milliers de fabricants, mais les petites entreprises ou les entreprises de tailles moyennes peuvent faire affaire avec moins d'autres fabricants.

Et c'est une bonne façon d'encourager ces PME de faire partie d'un groupe et de faire entendre leurs voix. Il y a un budget d'à peu près 10 000 dollars par année. Dans le budget, il y a six fabricants clés avec lesquels on fait affaire et chaque année, on revoit cela. On veut établir des programmes à long terme. Des programmes pour établir des centres où les enfants pourraient aller après l'école et également pour assister les parents immigrants, même s'il ne s'agit pas de grandes entreprises, où il y a des budgets de centaines de milliers de dollars. Ils peuvent faire quelque chose pour faire partie de ces possibilités. Les grandes pertes qui relèvent de ces difficultés de la chaîne d'approvisionnement touchent plutôt les plus grandes entreprises. Les PME vont peut-être remplacer.

Sheri Meyerhoffer : Je vais vous poser cette question: qu'est-ce qu'on peut faire pour renforcer les droits des enfants suite aux évaluations qui ont été faites par le passé?

Ines Kaempfer : Il y a une chose qui est très importante. J'encourage les PME à mieux comprendre la chaîne d'approvisionnement. Alors, on fait des évaluations de risques des droits d'enfants. Des fois, il s'agit de quelque chose de très petit ou peut-être d'une évaluation plus étendue, mais on pose une question: quelle est l'évaluation dans votre chaîne d'approvisionnement? Ces mesures sont des mesures de prévention et de sensibilisation. S'assurer que nous avons les systèmes dans les entreprises pour éviter le travail des enfants, mais aussi s'attaquer aux causes profondes. Par exemple, nous travaillons avec des usines pour avoir des centres de garde après l'école et ça permet  - ensuite, ce sont les usines  - ça permet aux enfants de rester plus longtemps à l'école. Pour bien des enfants, pendant la COVID, ces centres après les heures d'école étaient essentiels, parce que ce n'était pas après l'école. C'était les seuls centres disponibles pour les enfants. C'est une façon de s'assurer que les enfants ne décrochent pas de l'école et ne se retrouvent pas à travailler. Troisième domaine de travail important. Nous travaillons aux efforts de remédiation avec les usines. C'est quelque chose qui est souvent - pas avec les usines - avec les compagnies. Si une compagnie a décelé des problèmes de travail des enfants, où que ce soit à quelque niveau dans la chaîne d'approvisionnement, nous pouvons travailler avec les entreprises pour mettre en place un programme de remédiation qui permettra aux compagnies de réagir, d'affronter la situation et de remédier à certains de ces dommages, qui ont été causés. Alors, il faut être franc. Chaque compagnie qui creuse un peu, va chercher des problèmes de travail des enfants dans la chaîne d'approvisionnement. Ce qui distingue les compagnies plus responsables des autres, c'est que ces compagnies plus responsables vont s'y attendre et avoir un système pour assurer le suivi. Nous avons donc un système de médiation, remédiation, après qu'on ait décelé des cas de travail des enfants. On nous contacte. On a, ce qui semble être un grand défi qui s'en vient au Bangladesh. Alors, on a organisé dix gestionnaires de cas évaluateurs, qui vont aller dans ces compagnies demain au Bangladesh, là où on a identifié du travail des enfants. Ça fait partie du travail de remédiation très pratico-pratique.

Sheri Meyerhoffer : Merci, Ines. Tulika, à vous. Comment les entreprises peuvent adopter une approche holistique à la lutte contre le travail des enfants et l'idée de se concentrer uniquement sur la gestion des risques?

Tulika Bansal : Merci, Sherry. Il y a certains éléments qui ont déjà été mentionnés par Ines, mais ce que j'ai constaté par la passé, c'est que le travail des enfants est souvent perçu, du point de vue de la conformité, comme étant un enjeu qu'il faut aborder le plus rapidement possible, pour pouvoir cocher la case et dire qu'il n'y a plus de travail des enfants. C'est perçu comme étant un des problèmes les plus graves qui puissent être constatés. C'est un problème. C'est que vous ne voulez pas être en situation d'échec dans les audits sociaux, mais les compagnies doivent se rendre compte que quand il y a du travail des enfants, souvent il y a différents aspects et causes qui doivent être abordés dès leurs racines; pas simplement se contenter de constater qu'il y a du travail des enfants, mais se poser des questions sur le pourquoi de ce travail des enfants et mettre en place des systèmes pour aborder cette problématique. Ça prend du temps. Les compagnies doivent se pencher sur différents enjeux. Par exemple, l'accès à l'éducation, les politiques qui sont conviviales pour les familles qu'on travaille à la pièce ou bien pour les salaires, de façon plus générale. Il faut un dialogue avec l'ensemble des intervenants dans la chaîne de valeurs à l'interne par la compagnie, mais aussi au-delà, y compris avec des experts des droits de l'enfant et du travail des enfants. Alors, ce n'est pas un enjeu qu'on peut percevoir comme étant uniquement une question de conformité et qu'on peut cocher une case. Alors, en résumé, ce n'est pas un problème auquel on peut se plier par la loi. Il faut mettre en place bien plus d'efforts, par rapport au problème du travail des enfants.

Sheri Meyerhoffer : Un petit suivi. Si vous parlez des droits des enfants, l'accent mis sur le droit des enfants, je me demande pourquoi le travail des enfants doit être mis en contexte dans le cadre du travail des droits des enfants? Pourquoi est-ce important?

Tulika Bansal : Tout d'abord, les droits des enfants font partie des droits de la personne. Nous devons comprendre que l'impact est différent sur les enfants, par rapport aux adultes, étant donné leur physique. Donc, leurs droits doivent être tenus en ligne de compte différemment de ceux des adultes. Il est donc essentiel, quand les compagnies se penchent sur leurs impacts sur les droits de la personne, elles devraient examiner l'ensemble des droits de la personne et intégrer ce savoir en matière de droits des enfants. Cependant, le travail des enfants fait souvent partie d'un plus vaste contexte en matière de droits de la personne. On ne peut pas se pencher sur cet enjeu séparément, entièrement. J'ai parlé, par exemple, plus tôt, de salaire versé. Si l'on ne verse pas un salaire décent, il y a des risques que les enfants aient à travailler. Aussi, on a des gens qui travaillent de chez eux. Vous avez un tarif versé à la pièce. Il y a des risques que les enfants travaillent aussi. S'il n'y a pas de crèche pour les enfants à l'usine, ils vont sans doute amener leurs enfants au travail. S'il n'y a pas d'école, il y a un plus grand risque que les enfants travaillent. Alors, il faut examiner le contexte du point de vue de l'entreprise, mais aussi du point de vue gouvernemental, parce que ce sont eux, par exemple, qui doivent fournir l'accès à l'école. Des écoles accessibles, par trop coûteuses. Si tout cela n'existe pas, on peut en arriver à des impacts sur les droits des enfants, qui auront une incidence sur le secteur de l'habillement. Un autre aspect que je voulais soulever  - et c'est la raison pour laquelle nous devons nous pencher sur les droits des enfants dans le contexte plus vaste des droits de la personne - , il s'agit ce que vous avez évoqué Sherry d'emblée, c'est-à-dire le développement que nous voyons en ce moment au sujet de lois obligatoires sur les droits de la personne, mais pour le secteur de l'habillement, c'est extrêmement important, puisqu'il s'agit d'un secteur où les chaînes d'approvisionnement sont longues et complexes, qui existent dans différents pays, dans différentes régions. Une compagnie qui se trouve dans l'Union européenne ou ailleurs, où l'on aura bientôt de telles lois. Ces entreprises vont devoir faire preuve de diligence en matière de droits de la personne. Elles vont devoir aborder toutes les problématiques qu'elles décèlent, y compris les problématiques en matière de droits des enfants. Les entreprises vont devoir être prêtes pour cette évolution. Leur responsabilité est de respecter les droits de l'homme et les droits des enfants. Ça va bientôt devenir obligatoire, plutôt que simplement volontaire.

Sheri Meyerhoffer : Merci. Ça nous aide de voir de quelle façon le travail des enfants concorde avec les droits de la personne. Maintenant, je voudrais mettre l'accent sur comment les enfants qui travaillent voient, perçoivent leurs rôles. Claire, est-ce que les enfants voient des aspects positifs et si oui, quelles sont les politiques et pratiques que les entreprises du vêtement peuvent mettre en œuvre, par rapport à cette question? Quel est le point de vue des enfants qui travaillent?

Claire O'Kane : Ils ont toutes sortes de points de vue. Dans notre recherche, nous avons eu des groupes de discussion pour 1 800 enfants qui travaillent dans 36 pays. Certains de ces enfants sont dans le tissage. D'autres travaillent en agriculture. Il y a toute une variété. Ce qui peut motiver leurs points de vue sur ce qu'il leur plaît ou leur déplaît, c'était très, très varié. Tout dépend de ce qu'ils faisaient. Dans ce qui les motive, certains se sentaient obligés de travailler étant donné la pauvreté de la famille. D'autres et beaucoup d'enfants avaient eu leurs mots à dire dans cette décision de travailler. Ils voulaient, en fait, aider les familles, répondre aux besoins de base. De nombreux enfants auraient eu besoin de poursuivre leur éducation. Donc, la relation entre l'école, l'éducation et le travail peut être très complexe et doit être mieux comprise. Ce qui est clair, ils ne voulaient pas faire de travail qui était violent, qui les exploitait ou qui les empêchait de poursuivre leurs études, mais ils ont exprimé des choses qui leur plaisaient dans leur travail. Ils avaient l'impression - beaucoup ont dit qu'ils étaient fiers d'aider leurs familles et qu'ils voulaient le faire. Malheureusement, le son coupe. Ils faisaient partie du foyer. Donc, ils avaient l'impression d'avoir contribué. Certains avaient accumulé des compétences par le biais de leur travail. Ils étaient très satisfaits, surtout quand cet argent leur permettait de poursuivre leurs études. Encore une fois, ce qui était très clair, c'était l'équipe de travail et les conditions de travail qui comptent. Ils voulaient que - ils aimaient qu'on communique avec eux de façon respectueuse, que ce soit de la part de l'employeur ou des parents. Ils voulaient avoir du temps pour étudier, pour jouer. Ils apprenaient des compétences pour le travail. Ils ne voulaient pas faire du travail uniquement répétitif et ils aimaient quand le travail était proche de ce qu'ils voulaient faire à l'avenir. À ce moment-là, pour eux, à leurs yeux, c'était une façon d'atteindre leurs aspirations. Quand ils avaient un salaire décent ou des avantages, que ce soit au niveau de la santé, des aliments ou bien qu'ils soient nourris en milieu de travail, par exemple, quand il n'y avait pas de violence.  Les filles, particulièrement dans différents milieux, disaient qu'elles préféraient le travail qu'elles pouvaient faire de la maison plutôt que d'avoir à travailler à l'extérieur, dans la rue. Elles avaient l'impression d'être beaucoup moins assujettis au harcèlement sexuel ou aux abus quand elles étaient chez elles. Les enfants aussi. Beaucoup disent qu'ils aimaient les conditions de travail où ils étaient entendus. Quand les enfants leur demandaient ce qu'ils voulaient faire, combien d'heures de travail ils voulaient faire, les enfants qui pouvaient s'organiser dans des mouvements d'enfants, avaient l'impression de pouvoir défendre leurs droits et d'avoir accès à un bon travail et éviter l'exploitation. Les compagnies de vêtements doivent bien comprendre le contexte local réel. Le contexte socio-politique, économique et surtout avec l'impact de la pandémie. Il faut comprendre cela pour éviter l'exploitation et le travail qui fait du tort, surtout avec toute cette pression, simplement pour survivre. Quand on perçoit un manque d'accès à l'éducation, cela a une incidence sur les options des enfants et des familles évidemment. Comme panéliste, je dirais qu'il nous faut des politiques qui soient ouvertes aux familles et les pratiques existantes doivent être mieux mises en œuvre, mieux surveillées. Il faut examiner aussi les impacts inattendus de ce qui est planifié. Des fois, on a les meilleures intentions, mais l'impact peut être encore plus négatif sur les familles et les enfants. Ça a été souligné par nos panélistes. Il faut des conditions décentes pour tous les travailleurs. Le père. La mère. Ceux qui travaillent doivent avoir accès à un salaire décent pour avoir accès à l'éducation, aux services, aux soins de santé pour les enfants. Encore une fois, il s'agit de s'assurer que les jeunes travailleurs aient accès à des syndicats, des renseignements sur leurs droits dans le milieu de travail et que les codes de conduite respectent chaque travailleur et permettent aux jeunes travailleurs et aux travailleurs plus âgés d'avoir leur mot à dire sur la façon dont ça se déroule en milieu de travail. Dans le secteur du vêtement, il y a une surveillance, non seulement dans l'usine, mais voir si le travail est fait à la pièce. S'il faut que cela inclut le fait de rejoindre les enfants dans ces contextes pour mieux comprendre ce qui se passe à ce niveau-là.

Sheri Meyerhoffer : Merci beaucoup, Claire. Vous nous avez donné de nombreuses idées sur les leçons à apprendre dans votre travail et au sujet des enfants. Est-ce que vous avez plus à nous dire dans cette question des pratiques exemplaires et comment dialoguez-vous? Comment les encourager à participer? Avez-vous d'autres détails là-dessus?

Claire O'Kane : Oui, il y a tout un historique d'enfants qui s'organisent, qui font partie d'associations, de mouvements, particulièrement en Amérique du Nord, en Afrique, en Asie, avec trente années et plus de travail au sein des organisations de la société civile qui accompagnent ces enfants. Les compagnies de l'habillement et le milieu des affaires pourraient établir des partenariats avec ces organisations, afin d'être vraiment à l'écoute et d'appuyer les enfants pour mieux défendre leurs droits et entendre ce qu'ils cherchent à avoir des politiques sur les familles. Les enfants le disent encore et encore, ils veulent faire partie d'un dialogue, que ce soit avec les fonctionnaires du gouvernement et les gens d'affaires qui sont censés protéger leurs droits, y compris le droit de se faire entendre. Créer des espaces où les enfants peuvent réellement se faire entendre pour que les décisions qui sont prises soient prises dans leur meilleur intérêt. Ces enjeux peuvent être très complexes. Il faut voir les choses en contexte et les écouter. Inaudible malheureusement. Il faut aussi accorder beaucoup d'importance à appuyer les enfants pour qu'ils puissent se regrouper, parce qu'ils bâtissent des liens de confiance, de solidarité entre eux et il y a régulièrement des rencontres où ils se sentent de plus en plus aptes à intervenir. On peut aussi faire une analyse pour organiser leurs propres interventions, leurs initiatives et la défense de leurs intérêts. Il faut travailler aussi avec les personnes qui sont responsables des enfants. Il faut avoir des soutiens à la famille pour - le son coupe de nouveau. L'interprète s'excuse. Il s'agit d'offrir aux enfants l'opportunité de se faire entendre.

Sheri Meyerhoffer : C'est fascinant! Merci, Claire. Alors, je tiens à remercier tous nos panélistes pour votre façon d'éclaircir les risques, les obstacles, les solutions qu'on a beaucoup évoqués ici. Maintenant, je demanderais à chacun d'entre vous de nous fournir quelques instants de remarques, en conclusion. Vous pouvez réagir à ce qui a été évoqué en écoutant vos collègues. Je vous accorde trois minutes chacune. Alors, en ordre alphabétique. Tulika. Inès, Claire et Claudia. Alors Tulika, je vous cède la parole.

Tulika Bansal : Merci, Sherry. Merci à mes collègues au sein de ce panel. J'étais heureuse de pouvoir aborder ce sujet important et heureuse d'écouter vos expériences. Mon message principal, qui ressort de toute cette séance, c'est l'importance d'adopter une approche plus holistique et globale. Il ne faut pas percevoir le travail des enfants comme un problème qu'il faut régler le plus rapidement possible, comme simple enjeu de conformité. Il faut que cet enjeu soit intégré dans tous les efforts des droits de la personne dans les entreprises. Il faut être à l'écoute des enfants. Il ne faut pas s'imaginer que les enfants, simplement parce qu'ils sont des enfants, ne sont pas des intervenants importants. Ils ont une importance égale. Ils ont un impact différent de celui des adultes. Ils doivent participer aux processus avec la participation d'experts, parce que parfois, on s'imagine qu'on travaille en droits de la personne, alors qu'on peut, du coup aussi, se charger des droits des enfants, mais ce n'est pas le cas. Il faut ajuster nos approches. Je tenais à mentionner qu'aujourd'hui, l'Institut danois des droits de la personne ici que le secteur du textile et de l'habillement ont publié des lignes directrices sur les droits de la personne et la diligence dans le secteur de l'habillement et je vais afficher le lien du rapport dans le clavardage.

J'espère que cela pourra servir à orienter les compagnies de l'habillement dans d'autres contextes aussi. Merci.

Sheri Meyerhoffer : Merci beaucoup Tulika.

Ines Kaempfer : Mon message était très proche du sien. Après toutes ces discussions, merci à chacune pour ces contributions. Je ne pense pas qu'il y ait nécessairement de conflit entre conformité et le fait d'aborder les enjeux en matière de droit des enfants. Je sais que pour les entreprises, c'est extrêmement important d'être en conformité, particulièrement le travail des enfants dans tous les cas où elle l'a mentionné. C'est un peu effrayant comme enjeu et les compagnies veulent s'assurer que le problème ne se pose pas, mais en abordant le problème du point de vue des droits des enfants, mais mettre les enfants de l'avant, on en arrive à de meilleures solutions. Pour revenir un peu là-dessus, si je regarde le travail des enfants uniquement du point de vue de la conformité, je trouve une usine et je vois du travail des enfants, je coupe tout à fait tous les contrats avec vous, ça y est! On ne fait plus affaire avec vous! Certaines compagnies vont carrément brûler les biens qui ont été produits avec le travail des enfants et voilà! On fait une croix là-dessus. Si on met les enfants au cœur de la situation, on essaie de comprendre la situation des enfants. Quel est leur âge? Combien sont-ils? Comment pouvons-nous les appuyer? Quel que soit notre réaction, pour s'assurer qu'on n'empire pas les choses et le fait de faire une croix sur une usine ou un sous-traitant, ça peut faire du tort. Il faut comprendre. Est-ce que ces enfants sont d'âge légal pour travailler? Est-ce qu'on peut permettre qu'ils continuent à travailler dans des conditions de travail décentes ou est-ce que ce sont des enfants qui ne devraient pas travailler, qui doivent réintégrer le milieu scolaire? À ce moment-là, il faudrait les appuyer pour ce faire. En se posant ces questions, nous pourrons en arriver à de bien meilleures solutions pour les enfants, mais de meilleures solutions pour l'entreprise aussi, parce qu'on a, à ce moment-là, des façons beaucoup plus durables de faire affaire. Les entreprises ne se livrent pas au travail des enfants de même, ça a un long historique, mais on peut jouer un rôle important. On peut être un important intervenant du changement. Le changement peut parfois se produire plus rapidement en ayant recours au gouvernement, si on le fait de la sorte. Il est important de mettre l'accent sur le droit des enfants, d'abord et avant tout, dans la façon d'aborder cet enjeu plus complexe. Merci beaucoup.

Sheri Meyerhoffer : Merci beaucoup, Ines. Claire?

Claire O'Kane : Oui, je veux renchérir sur ce qu'Ines a dit. Le contexte est très important et c'est très important d'avoir l'appui du gouvernement. Il faut avoir des plateformes politiques qui vont nous permettre d'effectuer ce travail. Il faut maximiser l'éducation. Il faut améliorer les conditions de travail et il faut regarder de très près quelle sorte de remédiation serait nécessaire. On ne veut pas avoir des enjeux qui sont cachés. On ne peut pas s'en passer et fermer les yeux à ces enjeux. Il faut aider les enfants. On sait que, de par le passé, si on ne met pas fin à ce genre de pratiques de travail infantile, les enfants peuvent se retrouver dans la prostitution ou dans une situation qui est maintes fois plus difficile. L'enfant a le droit de survivre et avec la pandémie, c'est très difficile pour les enfants, mais ensemble on peut protéger. On peut assurer la survie des enfants et, encore une fois, il faut des consultations qui ne sont pas ponctuelles, mais plutôt des consultations qui fournissent un suivi pour les enfants, pour les jeunes, pour les familles. Également, il s'agit des fonctionnaires du gouvernement, les responsables du gouvernement qui doivent fournir ce genre de protection. Il faut mieux comprendre l'enjeu. Il faut avoir des précisions. Est-ce uniquement les enfants ou est-ce que ce sont les jeunes mères également qui sont touchées par cela? Il y a beaucoup d'obstacles pour les deux, mais en fin de compte, il faut avoir une éducation de haute qualité.

Sheri Meyerhoffer : Merci beaucoup, Claire. Claudia? Vous avez le mot de la fin.

Claudia Sandoval : Nous sommes toutes d'accord qu'il s'agit d'une question très compliquée. Si l'on regarde cela du point de vue holistique, nous sommes toutes d'accord sur le besoin d'avoir une participation des intervenants; de tous les intervenants. Le gouvernement. La société civile. Les institutions. On veut avoir un impact accru sur cet enjeu. Il faut aller plus loin pour comprendre la chaîne d'approvisionnement. En tant qu'entreprise Gildan, on est très content de travailler auprès de nos usines. Déjà, on travaille auprès de deux ou trois usines pour faire comprendre cela. Les secteurs vont donc bénéficier d'une richesse d'expériences. Je vous dis merci beaucoup. C'est une question qui a besoin de beaucoup de réflexion, parce qu'il y a plusieurs secteurs qui sont impliqués.

Sheri Meyerhoffer : Merci beaucoup. C'est maintenant le moment de donner la parole à nos participants pour les questions et réponses. Vous avez cela en bas de votre écran, à gauche. Si vous voulez soumettre une question, je vous invite à le faire. Entretemps, j'ai quelques questions que je voudrais poser aux panélistes. Nous avons frôlé ces questions déjà, mais Claudia, vous avez mentionné le fait qu'il existe des niveaux, des paliers 1 et 2. Niveaux 1 et 2, pour ainsi dire, dans le secteur des vêtements. Comment est-ce qu'on va promouvoir les droits des enfants dans ces deux paliers, du point de vue des ressources naturelles qui sont impliquées.

Ines Kaempfer : Écoutez, moi, je peux commencer. Si l'on va plus loin dans cette question, si l'on songe tous vraiment aux marques ou bien aux détaillants, ça ne suffit pas. Il faut regarder les matériaux. Si, par exemple, on obtient des ressources de la part des fermiers, des agriculteurs, cela peut priver des familles. Alors, la question devient plus complexe. Si on descend pour évaluer les paliers inférieurs, il y a plus de difficulté. Donc, il y a un niveau accru de défi, mais les initiatives ont démontré qu'on peut avoir un impact sur ces zones également et si l'industrie, le secteur du textile a besoin de matière brute qui sont nouvelles, alors il faut cibler cela. Ça va prendre quelques années pour bien comprendre l'enjeu du recyclage, parce qu'il y a cette question des matériaux qui sont faits de plastique. L'utilisation des fibres est de plus en plus importante dans l'industrie de vêtement.

Et quels sont les besoins des travailleurs? La COVID nous a appris que c'est tellement compliqué. Les gens sont peu parés. On a vu une chaîne d'approvisionnement qui ne fonctionnait plus dans le contexte de la COVID. On a reçu des appels des fabricants qui nous ont dit: nous n'avons plus de revenus, parce que les magasins en Europe sont fermés. Nous avons travaillé depuis des années et nous avons obtenu des revenus de cinq dollars par jour par travailleur, mais maintenant, on ne peut payer qu'un dollar par jour. Alors, tout cela, il faut le voir comme un ensemble. Ces choses sont regroupées, si vous voulez. Il y a des gens qui meurent de faim, parce qu'ils ont perdu leurs possibilités de travailler. Il faut comprendre cela. Il faut bien comprendre les origines des problèmes, même si c'est épeurant des fois. Il faut oser aller plus loin.

Sheri Meyerhoffer : Excellent! Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose?

Claire O'Kane : C'est très intéressant ce que vous avez dit, particulièrement en ce qui concerne le recyclage. Dans beaucoup de pays, ce sont les enfants qui font la collecte des plastiques. Il faut améliorer ce système. Il faut améliorer le système, parce que souvent, les enfants sont exposés aux risques sanitaires. C'est crucial. Je dirais qu'il faut collaborer avec les enfants, afin de résoudre de telles situations.

Sheri Meyerhoffer : Excellent! Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre qui voudrait rajouter une observation?

Claudia Sandoval : Je pense qu'il y a un bon moment qui existe. Il y a un élan. On veut rassembler ces initiatives. Quand vous parlez du recyclage environnemental et écologique, c'est important. Il y  a également l'agriculture, parce qu'il y aura des possibilités pour être plus efficace et pour participer à cet événement.

Sheri Meyerhoffer : Je vois que le temps passe et je sais que certains d'entre nous doivent terminer à et quart. Donc, je veux remercier l'OCDE, qui était vraiment l'hôte de notre discussion. Je remercie tout le monde. Nos présentatrices et tous les participants qui nous ont suivis de partout au monde. On a beaucoup parlé de l'éducation. C'est un énorme problème. Il faut écouter les enfants. Il faut comprendre la situation de leurs points de vue. Il faut également voir ce qui se passe dans le grand contexte. Il ne s'agit pas tout simplement du travail infantile qui existe, mais il faut cibler cela dans le cadre des droits de la personne et dans le cadre de la réalité locale. Je vous remercie aujourd'hui d'être parmi nous et nous allons en parler à l'avenir. Merci beaucoup. Merci à tout le monde.

Aurevoir.

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